Une traduction inspirée par Colette Gralhien, étudiante strasbourgeoise (v. le texte précédent) :
"Pendant mon cours de civilisation, j'ai lu quelques poèmes par Dezső Kosztolányi (1885-1936), un grand virtuose de la langue hongroise pour faire sentir la mélodie, la musique et le rythme. Parmi eux se trouvait le poème Játék (Jouet). Le lendemain, une de mes étudiants, Mme Collette Gralhien est venue dans mon bureau avec un recueil de Kosztolányi dans sa main en proposant qu'on traduise ce poème qui n'avait pas encore de traduction française, ensemble. Quand le poète contemporain Lackfi, János est venu à Strasbourg, je lui ai raconté cette histoire et il nous a envoyé la traduction une semaine plus tard." (Mária Farkas-Czellér)
Voici le résultat de son travail :
Dezső KOSZTOLÁNYI
Le jouet
C’est curieux.
C’est tout rond et c’est tout beau,
miraculeux, merveilleux,
l’ouvrir, le fermer c’est rigolo,
bulle, bille, bouton, anneau,
flamme de bougie, flacon magique,
ombre irisant, feu diabolique.
Je joue avec ma propre vie,
je joue cache-cache avec les ombres,
avec les greniers et les chambres,
avec la lumière ailée et blonde,
mon miroir lance des reflets
sur le sable, sur les arbres;
et le soleil, ce lourd denier d’or,
soudain sur mes genoux s’affale.
Je joue avec mes yeux colorés,
je joue avec ces deux menues mains,
je joue avec ce moi qui joue,
l’enfant n’est qu’un jouet pourtant.
Je joue, c’est danse joyeuse,
je suis visible comme chaque chose.
Visible mon reflet, ma flamme,
je joue, je tourne, tourne en rond.
Je joue et des fois je me lève
la nuit durant,
et je joue que tous ceux qui dorment,
sont des enfants.